Pour la première fois en 20 ans, les contribuables québécois bénéficient d'une baisse d’impôt sur leur revenu. Alors que l'inflation ne cesse de grimper et que la crise immobilière bat son plein, cet allégement fiscal arrive à point nommé.
Il faut rendre à César ce qui appartient à César : le premier ministre François Legault a promis de réduire les impôts, et il a tenu parole.
Mais si son gouvernement veut vraiment soutenir les familles, il doit en faire plus.
Depuis le 1er juillet, les deux premières tranches de l'impôt sur le revenu des contribuables québécois ont été réduites. La première tranche a été ramenée de 15 % à 14 %, et la seconde de 20 % à 19 %.
Pour un travailleur gagnant 60 000 dollars par an, cela représente une économie de 428 dollars en 2023. Les travailleurs gagnant jusqu'à 80 000 dollars par an économiseront 628 dollars cette année, tandis que ceux qui gagnent plus de 100 000 dollars économiseront 814 dollars.
Il s'agit d'économies substantielles pour les familles durement touchées par l'inflation et l'augmentation des charges fiscales fédérales.
Mais cela suffira-t-il à lutter contre l'inflation ? Pour de nombreuses familles québécoises, ce n’est malheureusement pas le cas.
En 2022, le panier d'épicerie moyen d'une famille coûtait près de 14 700 dollars. En 2023, le coût moyen a grimpé à 16 200. C'est beaucoup plus que ce que les contribuables obtiennent de leur allègement fiscal cette année.
Les baisses d'impôt sur le revenu sont certainement les bienvenues, mais si l'on tient compte de la hausse de tous les autres coûts, du logement en passant par les taux d'intérêt, il est clair que les familles ont besoin d'un coup de pouce supplémentaire.
Le gouvernement Legault devrait examiner ce que font les autres provinces pour réduire davantage le fardeau fiscal des familles aux prises avec l'augmentation du coût de la vie.
La réduction de la taxe provinciale sur l'essence serait un excellent point de départ.
L'Ontario a réduit la taxe provinciale sur les carburants de 6,4 cents cette année, ce qui permet aux familles ontariennes d'économiser jusqu'à 440 $ sur leur facture d’essence. C'est la deuxième année consécutive que la province offre un tel allégement à ses automobilistes.
L'Alberta est allée plus loin en suspendant complètement sa taxe provinciale sur l'essence. Les Albertains ont économisé en moyenne 15 dollars chaque fois qu'ils font le plein à la pompe.
Malheureusement, M. Legault est hostile aux réductions de la taxe sur l'essence et a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne changerait rien. Pourtant, les Québécois paient des prix à la pompe parmi les plus élevés du pays, juste derrière la Colombie-Britannique.
Si Legault prend au sérieux l’augmentation du coût de la vie qui menace les familles québécoises, il doit se concentrer sur des politiques pragmatiques et imiter ses voisins.
Son administration dispose d'une grande marge de manœuvre pour accorder davantage d'allègements fiscaux.
Malgré la réduction de 1 % de l'impôt sur le revenu, le dernier budget provincial indique que le gouvernement a pu prélever près de 456 millions de dollars de plus dans la poche des contribuables au titre de l'impôt sur le revenu des personnes physiques qu'en 2021, en grande partie en raison de l'inflation.
Mais si les recettes de l'État ont augmenté, il en va de même pour les dépenses. Malgré sa lourde charge administrative, le gouvernement du Québec a ajouté près de 6 400 fonctionnaires à ses effectifs au cours du dernier exercice fiscal et prévoit d'en ajouter au moins 6 800 au cours de l'année en cours.
Cela représente un coût supplémentaire de près de 3,4 milliards de dollars qui auraient pu être mis dans la poche des contribuables.
Il existe de nombreuses possibilités, à court et à long terme, de réduire les charges des contribuables et de leur apporter l'aide dont ils ont besoin pour faire face à l'augmentation du coût de la vie.
Mais pour ce faire, Legault doit être pragmatique. Les Québécois ne peuvent pas attendre la prochaine baisse d’impôt; ils ont besoin de mesures concrètes dès maintenant.