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Un directeur parlementaire du budget au Québec, ça presse.

Auteur: Nicolas Gagnon 2023/12/18

Les Québécois paient les impôts les plus élevés d'Amérique du Nord et ils méritent de savoir exactement comment leur argent est dépensé.
 

Quand verrons-nous un retour sur investissement ? Quels sont les risques ? Les dépenses en valent-elles la peine ?
 

Telles sont les questions auxquelles les contribuables méritent des réponses, sans aucune partisanerie. 

     

Pourtant, les Québécois ne disposent pas d'un organisme non partisan pour leur fournir ces informations cruciales.
 

Mais à Ottawa, les contribuables ont un chien de garde. Le directeur parlementaire du budget (DPB), un organisme non partisan, répond à ces questions depuis 2006
 

Pour renforcer la confiance des Québécois dans nos institutions et notre gouvernement, l'Assemblée nationale a besoin d'un tel officier.


Mais d'abord, que mange un DPB en hiver ?
 

Il fournit au Parlement une analyse indépendante de l'état des finances du pays, des tendances économiques et des estimations des coûts des programmes adoptés par le gouvernement.
 

Le directeur parlementaire du budget a joué un rôle crucial ces dernières années.
 

C'est grâce à lui que nous savons que près d'un tiers des dépenses fédérales pendant la pandémie - près de 204 milliards de dollars - n'avaient rien à voir avec le COVID-19.
 

Plus récemment, nous avons appris qu'il faudrait 23 ans, et non cinq, pour que les 28 milliards de dollars de subventions accordés à Stellantis et à Volkswagen permettent à leurs usines d'atteindre la rentabilité.
 

Grâce au DPB, le Québec a également appris que la subvention de 3 milliards de dollars accordée à Northvolt ne sera pas amortie avant 2037
 

Ironiquement, c'est grâce au directeur parlementaire du budget à Ottawa que les Québécois sont informés du risque que prend le gouvernement québécois avec leurs impôts.
 

Raison de plus pour disposer d'un tel fonctionnaire à l'Assemblée nationale.
 

Notre province ne manque certainement pas de dossiers pour lesquels l'examen minutieux d'un organisme neutre est nécessaire.
 

Rappelons-le: le Québec est un leader en matière d'explosion des coûts pour ses projets.
 

Pourquoi le coût des rénovations du tunnel Louis-Hyppolite Lafontaine de Montréal est-il passé de 1,4 milliard de dollars en 2020 à 2,5 milliards de dollars en 2023 ? Une augmentation aussi astronomique mérite une enquête approfondie.
 

Par ailleurs, aucune étude indépendante n'a été produite pour évaluer les coûts d'une troisième liaison entre Lévis et Québec. 
 

C'est le même scénario pour le tramway que le maire Bruno Marchand voulait construire à Québec. 
 

Avant son annulation, l'administration Marchand a évalué le coût du projet à 8,4 milliards de dollars, sans fournir de plans concrets. Considérant l’engagement financier du gouvernement québécois, une étude indépendante du DPB aurait permis d’agir plus tôt dans ce dossier.
 

Rappelons également que la création d'un DPB provincial a rassemblé tous les députés de l'Assemblée nationale en 2019, lorsqu'une motion proposée par une coalition de partis d'opposition a été adoptée à l'unanimité afin de créer le poste. 
 

La Coalition Avenir Québec a récemment bloqué une motion qui réitérait l'importance d'une telle position, en contradiction totale avec sa propre position quatre ans plus tôt. Ont-ils peur de l'imputabilité ?
 

Elle va également à l'encontre d'un projet de loi que le parti a introduit en 2015, lorsqu'il était à l'opposition.
 

Avec un tel refus, la CAQ fait passer les intérêts du gouvernement avant ceux des contribuables.
 

Il faut mentionner que le rôle du DPB à Ottawa a été élargi en 2017 pour inclure une évaluation non-partisane du coût des programmes proposés pendant les campagnes électorales.
 

Un DPB provincial serait certainement utile lors des élections provinciales, pour aider les Québécois à connaître le coût réel des promesses qui leur sont faites. 
 

Lors des dernières élections, les taxes sur les automobilistes proposées par Québec Solidaire, surnommées «taxes orange» par le premier ministre François Legault, auraient très bien pu être évaluées par le DPB en fonction de leur coût et de leur impact sur les contribuables.
 

Le directeur parlementaire du budget est un organe crucial à Ottawa, et nous ne pouvons ignorer qu'un tel rôle aurait un impact tout aussi important sur la politique québécoise.
 

Les contribuables québécois méritent d'avoir un chien de garde qui veille sur leur portefeuille.