Texte paru dans le Journal de Montréal le 11 décembre 2020.
La saga de Ciment McInnis tire à sa fin. La cimenterie construite il y a six ans au coût de 1,6 milliard de dollars a finalement été vendue à la brésilienne Votorantim pour 600 millions de dollars.
Si les pertes exactes sont encore inconnues, il est clair que les contribuables québécois ne reverront qu’une fraction des 750 millions de dollars de leur argent que le gouvernement y a injecté.
Le gouvernement aura beau nous dire qu’il ne s’agit que d’un exemple sur bon nombre d’investissements, il reste clair que cette liste est beaucoup trop longue, et qu’elle s’est allongée sous tous les gouvernements.
Le fait est que les grands projets de subvention n’ont pas été particulièrement payants pour les Québécois et Québécoises.
Le gouvernement Landry a perdu 250 millions de dollars dans l’aventure de la Gaspésia.
Sous le gouvernement Charest, l’exemple le plus probant est sûrement Stornoway Diamonds qui, malgré 750 millions de dollars d’investissements gouvernementaux, a du quémander un renflouement de 30 millions de dollars l’an dernier sous prétexte que le prix du diamant était « trop bas. »
Le gouvernement Marois nous a légué Ciment McInnis, dont nous parlions plus tôt.
Et finalement, le gouvernement Couillard nous a donné Nemaska Lithium, dans lequel les Québécois et Québécoises ont perdu 130 millions de dollars avant que le gouvernement Legault n’y réinjecte 300 millions de dollars pas moins d’une semaine après l’avoir qualifié de « patente à gosse. »
La bonne nouvelle est que, malgré les échecs de ces projets subventionnaires, l’économie québécoise a continué sa croissance.
Du moment où le Premier ministre Bernard Landry a promis d’agir pour sauver la Gaspésia en 2001, jusqu’à 2019, la taille de l’économie québécoise a cru de 41 pour cent, en ajustant pour l’inflation.
Si la province a du succès économiquement, ce n’est pas grâce aux schèmes de développement gouvernementaux, mais bien malgré ceux-ci. C’est grâce au génie créatif des Québécois et Québécoises et à leur sens des affaires, et non à cause de plans gouvernementaux complexes et coûteux et nos ministres de l’Économie feraient bien de le saisir.
Alors que le vaccin approche, le gouvernement commencera à nous parler davantage de ses plans pour stimuler la reprise économique. Déjà, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, nous parlait en septembre de cinq grappes industrielles stratégiques qui seraient la clé de la relance selon lui.
Or, la relance économique au Québec ne doit pas dépendre d’une poignée de secteurs, mais plutôt de l’ensemble des secteurs d’activité économique.
S’il ne veut pas répéter les erreurs du passé, le ministre Fitzgibbon devrait serrer son chéquier et se concentrer à l’amélioration de l’environnement d’affaires du Québec. Cela serait bien moins coûteux pour les contribuables, et risquerait d’avoir un meilleur impact sur la reprise.