Bien qu’aucune nation n’ait réussit à se taxer jusqu’à la prospérité, ça n’empêche pas certains groupes de proposer que l’on s’essaie là où tant d’autres ont échoué.
La plus récente proposition dans ce genre émane de la Coalition poids, qui prétend qu’une nouvelle taxe de 20 sous sur les boissons sucrées serait une « solution rapide et indispensable à la relance économique. » Tout indique pourtant qu’elle aurait l’effet contraire.
D’un point de vue économique, si le Québec passe au travers d’une récession présentement, c’est parce que la consommation des ménages et des entreprises a diminué.
Cette diminution de la consommation se répercute directement sur nos entreprises locales, qui n’ont pas d’autres choix que de sabrer dans leurs frais de main d’œuvre, retarder des projets d’expansion ou assumer des pertes, quand ce n’est pas les trois en même temps.
Ça résulte donc en une augmentation du taux de chômage qui, à son tour, vient réduire davantage la capacité de consommation créant une sorte de spirale de la mort économique qui finit ultimement par s’équilibrer à un niveau d’activité économique bien plus bas que celui qui prévalait avant la crise.
Si le gouvernement dépense des milliards de dollars présentement dans une panoplie de programmes de soutien aux entreprises et aux particuliers, et multiplie les projets d’infrastructures, c’est dans l’optique de soutenir la consommation des ménages et des entreprises et d’essayer d’amoindrir la perte d’activité économique.
Dans un tel contexte, instaurer une nouvelle taxe, quelle qu’elle soit, contreviendrait directement à l’objectif gouvernemental de soutenir la consommation puisque celle-ci viendrait réduire les moyens des consommateurs.
C’est important de reconnaître que l’impact d’une nouvelle taxe sur les boissons sucrées ne serait pas minime. Selon les calculs de la Coalition poids, une taxe de 20 sous par litre de boissons sucrées permettrait au gouvernement du Québec de soutirer pas moins de 100 millions de dollars additionnels des poches des Québécois et Québécoises.
Outre le fait que ce soit le pire moment pour introduire une nouvelle taxe, l’introduction d’une taxe sur les boissons sucrées répondrait à un problème qui se résorbe déjà de lui-même. En proposant cette taxe, la Coalition poids espère faire diminuer les ventes de boissons gazeuses et autres boissons sucrées au Québec.
Hors, selon les chiffres de l’Institut national de santé publique du Québec, la consommation de ces types de boissons est déjà en chute libre dans les ménages québécois. En l’espace d’à peine cinq ans, les ventes ont baissé de 26 pour cent.
Ce que ces données montrent est que les diverses campagnes de sensibilisation sur l’importance d’une alimentation saine fonctionnent puisque l’on observe une modification du comportement de consommation des ménages québécois.
Et contrairement aux propositions de taxes, celles-ci ne viennent pas chercher des millions de dollars d’argent de plus dans les portefeuilles des Québécois et Québécoises qui, rappelons-le, sont déjà les plus taxés au pays.
Quoiqu’en dise la Coalition poids, il est clair que le Québec n’a pas besoin d’instaurer une nouvelle taxe sur les boissons sucrées. Non seulement une crise économique serait-elle le pire moment pour le faire, mais la consommation de ces boissons est déjà en forte baisse.
Ne buvez pas le Kool-Aid, le Québec n’est pas à une taxe près de renouer avec la prospérité.