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L’interdiction des armes à feu est une fausse solution miracle (et Trudeau le sait)

Auteur: Nicolas Gagnon 2024/12/23

Le programme fédéral de rachat d’armes à feu ne rendrait pas le Canada plus sécuritaire, et le premier ministre Justin Trudeau est bien au courant.

Dès que cette idée a fait les manchettes, les experts ont sonné l’alarme. Mais plutôt que de corriger le tir, son gouvernement a décidé de dépenser davantage d’argent des contribuables pour alimenter une fausse solution miracle.

Le gouvernement fédéral a récemment annoncé que 324 modèles d'armes à feu supplémentaires sont maintenant interdits et ajoutés à la liste de rachat. Cela porte le total des modèles interdits à près de 2 500.

Même si Ottawa n’a pas encore confisqué une seule arme, la facture commence déjà à s’alourdir pour les contribuables. Depuis 2020, lorsque l’interdiction a été annoncée, le gouvernement a dépensé 67 millions de dollars pour le programme. 

Selon des documents du gouvernement, ce montant pourrait atteindre environ 100 millions de dollars d’ici la fin de l’année fiscale.

Cela ne devrait pas être une surprise, puisque les coûts prévus de ce programme sont problématiques depuis son lancement.

En 2019, le gouvernement estimait que le rachat coûterait 200 millions de dollars aux contribuables. Mais il pourrait finalement atteindre 756 millions de dollars, sans inclure les coûts administratifs, selon le directeur parlementaire du budget à Ottawa. 

Des documents montrent d’ailleurs que le coût du programme pourrait maintenant avoisiner les 2 milliards de dollars.

Il faut noter que cette facture n'inclut pas les armes nouvellement interdites. L’ancien ministre de la Sécurité publique, Dominic Leblanc, a laissé entendre que le populaire fusil « SKS » pourrait être ajouté à la liste. On estime qu’il existe un million de ces fusils au Canada.

Autrement dit: la facture pour les contribuables pourrait monter en flèche. 

Le rapport du directeur parlementaire du budget estime qu’environ 518 000 armes à feu étaient concernées par la liste initiale. On peut supposer que l’ajout du SKS pourrait doubler le budget prévu de 756 millions de dollars.

Le gouvernement a auparavant tenté d’interdire le fameux fusil SKS. Celui-ci était inclus dans un amendement au projet de loi C-21, mais l’Assemblée des Premières Nations s’y est fermement opposée. 

« C’est un outil, » avait déclaré le chef Dylan Whiteduck de Kitigan Zibi. « Ce n’est pas une arme. » Le gouvernement a fini par reculer. Il est clair qu’il rencontrerait une résistance similaire s’il revenait à la charge.

Au-delà de la facture salée, il y a le fait que la politique n’a aucune incidence sur la sécurité publique. La première annonce visant l’interdiction de près de 1 500 armes à feu a eu lieu en 2020. Chaque année depuis, la criminalité violente impliquant des armes à feu au Canada a augmenté.

Des exemples ailleurs dans le monde confirment également cette tendance. 

Dès 2019, la Nouvelle-Zélande a mis en place une interdiction similaire via un programme de rachat d’armes. En 2023, elle a enregistré 1 216 infractions violentes impliquant des armes à feu, soit 349 de plus qu’avant la mise en place du programme de rachat.

Finalement, la réalité donne raison aux experts : le programme de rachat d'armes coûte cher, et ne rend pas vos rues et parcs plus sûrs.

Le syndicat qui représente la GRC a affirmé que le rachat « détourne du personnel, des ressources et du financement extrêmement importants de la lutte contre la menace immédiate et croissante de l’utilisation criminelle d’armes à feu illégales. »

« L’interdiction des armes à feu ne fonctionne pas », a déclaré le président de l’Association de la police de Toronto. « Nous devrions nous concentrer sur les criminels. »

Pour ajouter une ultime couche de rappel à la réalité, même les universitaires qui étudient le sujet sont d’accord. 

« Les programmes de rachat sont largement inefficaces pour réduire la violence armée, en grande partie parce que les personnes qui participent à de tels programmes sont peu susceptibles d’utiliser ces armes pour commettre des actes de violence », a déclaré Jooyoung Lee, professeur à l’Université de Toronto.

Tout le monde, sauf le premier ministre, accepte la réalité: les coûts de ce programme ne font qu’augmenter, et les contribuables ont toutes les raisons d’être préoccupés. 

Malgré tout, nos rues ne sont pas plus sécuritaires. Trudeau doit mettre fin à son programme de rachat d’armes inefficace et coûteux dès que possible.