Dix milliards de dollars.
C'est le montant en intérêts que les contribuables devront assumer en 2024 pour rembourser la dette du gouvernement du Québec.
Au lieu de rénover les écoles, de construire de nouveaux hôpitaux ou de réduire les impôts, ces 10 milliards de dollars vont aux détenteurs d'obligations de Bay Street.
Ces remboursements de dette sont insoutenables et nous privent d'une marge de manœuvre financière considérable.
Dans sa dernière mise à jour économique, le ministre des finances, Eric Girard, a reconnu que «se serrer la ceinture» serait le mot d'ordre face aux temps difficiles à venir.
Pourtant, même si M. Girard reconnaît que le Québec a un problème d'endettement, il aggrave la situation en reportant le retour à l'équilibre budgétaire après les prochaines élections.
Le ministre doit miser sur un retour vers un budget équilibré dès maintenant.
Remettre à demain ce qui aurait dû être fait hier n'est pas responsable. C'est à cause de cette attitude que nous devons payer 10 milliards sur la dette cette année.
Commençons par les faits. Au cours des quatre prochaines années, le paiement des intérêts de la dette nous privera de 51 milliards de dollars.
Pour donner une idée de l'ampleur de la facture, le budget annuel actuel des soins de santé s'élève à 59 milliards de dollars. Voilà le coût réel de l'endettement chronique.
La première étape pour y parvenir est de se débarrasser du déficit budgétaire.
Dans sa mise à jour économique de l'automne 2023, le gouvernement du Québec affichait un déficit de 4 milliards.
En d'autres termes, nous dépensons 4 milliards de dollars que nous n'avons pas
Pour mettre fin à son endettement, le gouvernement québécois doit réduire ses dépenses.
Le bien-être social corporatif devrait être le point de départ naturel.
Le premier ministre François Legault aurait dû donner la priorité au retour à l'équilibre budgétaire cette année au lieu de risquer l'argent des contribuables dans des subventions aux entreprises, pour ne citer que les 3 milliards de dollars accordés à Northvolt ou les 320 millions de dollars accordés à Ford Motor Company.
Si vous avez du mal à rembourser votre carte de crédit, vous n'allez pas acheter une BMW à votre voisin. Malheureusement, le gouvernement n'a pas le même sens des priorités.
Il ne faut pas non plus sous-estimer l'impact des déficits publics et des dépenses incontrôlées sur l'inflation.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu qu'il est beaucoup plus difficile de réduire l'inflation lorsque les gouvernements continuent d'emprunter et de dépenser des milliards de dollars.
Cet appel à la vigilance devrait également être entendu dans les législatures provinciales.
La Banque Scotia a récemment publié un rapport qui confirme que les dépenses publiques ont un impact significatif sur l'inflation, y compris au niveau provincial. Les dépenses provinciales représentent environ un tiers de l'augmentation du taux directeur.
Et n'oublions pas que chaque dollar accumulé dans le déficit est transféré dans notre dette astronomique.
La dette nette du Québec s'élève actuellement à 206 milliards de dollars et augmentera de 24 milliards de dollars d'ici 2027
Depuis l'élection de M. Legault en 2018, la dette nette du Québec a augmenté de 32 milliards de dollars.
Voilà pourquoi nous dépensons 10 milliards de dollars en intérêts sur la dette cette année. Imaginez un instant un Québec avec une dette à zéro».
La dernière réduction d'impôt de 1 % accordée pour les deux premières tranches d'imposition a laissé 1,7 milliard de dollars de plus dans les poches des contribuables. En réduisant la dette, nous aurions une marge significative pour les diminuer davantage.
Sans ces intérêts, le gouvernement aurait une plus grande marge de manœuvre et vous paierez beaucoup moins d'impôts.
Au lieu de distribuer des subventions à des entreprises milliardaires, que ce soit pour l'industrie des batteries de véhicules électriques ou pour attirer une équipe de la LNH à Québec, M. Legault doit élaborer un plan crédible pour équilibrer le budget le plus rapidement possible.
Les contribuables d'aujourd'hui et de demain y ont droit.