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L'interdiction des nouvelles voitures à essence nuira aux contribuables

Auteur: Nicolas Gagnon 2024/07/22

Le gouvernement du Québec garde le cap sur son projet d'interdire les nouveaux véhicules à essence et au diesel, sans toutefois se soucier des conséquences pour les contribuables.

Le premier ministre François Legault en a surpris plus d’un lors de l’annonce son interdiction à l’automne 2020.

Et sans surprise, son gouvernement n'a fourni aucune explication quant au coût reel de cette réglementation.

Mais les Québécois sont mieux d’attacher leur tuque, car cette interdiction arrive plus vite qu'ils ne le pensent.

La politique de Legault obligera les concessionnaires automobiles à disposer d'un stock de 35 % de véhicules à zéro émission d'ici à 2025. En 2030, ce seuil passera à 60 %. 
 

D'ici 2035, les nouvelles voitures à essence et au diesel seront interdites au Québec.

Tout cela soulève une question importante : pourquoi autant de pression pour pousser cette interdiction ?

En 2023 seulement, le Québec a dépensé près de 3,3 milliards de dollars de l'argent des contribuables pour diverses subventions à des entreprises comme Ford, GMC et Northvolt

Pour mettre les choses en perspective, les subventions à la filière électrique ont coûté autant que les budgets combinés du ministère de la Sécurité publique et du ministère de l'Agriculture.

Les contribuables devront attendre plus de 11 ans avant de voir un retour sur investissement sur ces subventions, selon un rapport du directeur parlementaire du budget à Ottawa. 

Et ce uniquement si le seuil de rentabilité est atteint

Cela ne peut se produire que si les Québécois achètent des véhicules électriques en grand nombre.

L’abordabilité financière est la raison pour laquelle moins de la moitié des Canadiens sont intéressés à acheter une voiture électrique. Les Québécois ne sont pas étrangers à un tel sentiment.

Les familles n’ont pas les moyens de s’accorder un tel luxe présentement, alors que le prix moyen d'une voiture électrique avoisine présentement les 73 000 $, 

Mais Legault a décidé que si les gens n'avaient pas les moyens de s'acheter une voiture électrique, leurs impôts devaient quand même couvrir la facture pour que leur voisin plus riche puisse bénéficier d'un rabais.

Le gouvernement du Québec accorde présentement des rabais de 7 000 $ aux acheteurs de véhicules à émission zéro dans le cadre du programme Roulez Vert.

Ce programme a coûté 1,8 milliard aux contribuables depuis sa mise en œuvre, bien que seulement 5% des 5 millions de véhicules sur les routes du Québec soient électriques, près de 12 ans plus tard.

Ces énormes subventions ne sont toutefois que la partie émergée de l'iceberg.

L'interdiction des véhicules à essence et au diesel entraînera également un poids non-négligeable sur le réseau énergétique massif.

Le 30 novembre, Hydro-Québec a admis en commission parlementaire qu'elle s'était trompée sur l'impact des voitures électriques sur la consommation d'énergie et qu'elle devait revoir sa production à la hausse.

Près du tiers de l’énergie supplémentaire par Hydro-Québec d’ici 2035 ne servira qu’à répondre au besoin des voitures électriques. C’est énorme.

Les contribuables devront inévitablement assumer la facture des nouvelles infrastructures énergétiques.
 

À titre d'exemple, le projet hydroélectrique le plus récent, le complexe de la Romaine, a mis 14 ans à être achevé pour un coût de 7,4 milliards de dollars.

Mais ce qui est moins clair, c'est ce qui se passera si ces infrastructures ne sont pas construites dans 10 ans, lorsque seules les nouvelles voitures électriques seront autorisées à la vente?

 

Pénuries d'énergie ? Hausses de tarifs d’électricité?
 

Prenons un peu de recul.
 

Le gouvernement Legault ne sait pas si les subventions massives accordées aux constructeurs automobiles seront rentables. Il ne sait pas non plus combien il devra dépenser en incitatifs pour forcer les gens à acheter des véhicules électriques. Il ne sait pas non plus combien il en coûtera pour ajouter l'infrastructure nécessaire à cette transition.
 

Mais les factures vont toujours au même endroit : les contribuables.
 

Interdire les nouveaux véhicules à essence et diesel est irresponsable. Il est temps de reculer sur cette réglementation avant qu'elle ne nuise davantage aux Québécois.