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Enterrons la taxe kilométrique avant qu'elle ne soit ressuscitée

Auteur: Nicolas Gagnon 2023/09/30

Le gouvernement n'est jamais à court de mauvaises idées pour taxer les Québécois, mais le premier ministre François Legault a fermé la porte à l'une des pires : la taxe kilométrique.

Le gouvernement du Québec réfléchit depuis plusieurs années à la possibilité d'imposer une nouvelle taxe aux automobilistes. L’idée d’une taxe kilométrique a séduit plusieurs fonctionnaires, puisqu’elle consiste à faire payer aux automobilistes chaque kilomètre parcouru.

Mais Legault a tenu une conférence de presse et a finalement mis fin à cette mauvaise idée. 

Voici ce qu'il a dit : «La réponse claire et simple est non (...) Il n'est pas question d'ajouter des taxes.»

La conférence de presse a eu lieu quelques jours seulement après que le ministre de l'économie, Pierre Fitzgibbon, a accordé une interview à Radio-Canada, soutenant une taxe kilométrique et poussant la ministre des transports, Geneviève Guilbault, à la soutenir également.

M. Fitzgibbon pense qu’il y a trop de véhicules sur les routes et que le plus gros problème des routes du Québec est que les conducteurs ne paient pas assez de taxes.

Il a complètement tort.

Les Québécois sont déjà parmi les conducteurs les plus taxés à la pompe en Amérique du Nord, puisqu'ils paient plus de 61 cents de taxe par litre d'essence

Pour chaque litre, ils paient une taxe d'accise fédérale et provinciale, une taxe carbone provinciale et une deuxième taxe carbone fédérale, la TPS et la TVP, auxquelles s'ajoute une taxe sur les transports en commun si vous habitez à Montréal. 

Six à sept taxes par litre d’essence, et Fitzgibbon estime que ce n'est pas suffisant.

L'ajout d'une taxe kilométrique ne ferait que gonfler les caisses de l'État aux dépens des automobilistes.

Il convient également de noter que partout où une taxe kilométrique a été mise en œuvre, les factures des automobilistes ont augmenté.

Aux Pays-Bas, la tarification routière coûte aux automobilistes entre sept et huit cents par kilomètre, que le véhicule soit à essence ou électrique.

À Londres, en Angleterre, le gouvernement a créé des zones de taxation spéciale afin de taxer davantage les automobilistes. Les conducteurs de voitures à essence et les navetteurs peuvent avoir à payer plus de 3 000 livres sterling (4 942 dollars canadiens) par an pour conduire dans la capitale anglaise et ses environs.

En Belgique, la Fédération de l'industrie alimentaire belge a calculé que la taxe kilométrique coûtait 15 millions d'euros (20,1 millions de dollars canadiens) de plus par an à l'industrie alimentaire belge. Une telle taxe peut gravement affecter les chaînes d'approvisionnement et répercuter l'augmentation inévitable des coûts sur les familles.

On peut également s'interroger sur le fait que le ministère des transports envisage d'introduire une nouvelle taxe alors que ses recettes ne cessent d'augmenter.

Vous avez bien lu : le budget alloué au Fonds des réseaux de transport terrestre, le principal fonds responsable du financement des infrastructures routières et du transport en commun, devrait augmenter ses revenus de plus de 400 millions de dollars chaque année entre 2027 et 2028.

Mais pourquoi le fonds semble-t-il s'enfoncer dans les déficits ? À cause de dépassements de coûts répétés qui échappent à tout contrôle.

La liste des projets confrontés à une telle situation est assez longue, allant du dépassement de près de 970 millions de dollars pour la rénovation du tunnel Louis-Hyppolite Lafontaine, au projet de REM de Montréal, qui coûtera aux contribuables 26 % de plus que prévu, soit 1,4 milliard de dollars.

Même le pont des Grandes-Fourches de Sherbrooke, dont les coûts sont passés de 40 millions de dollars en 2020 à 53 millions de dollars en 2023, en est à son quatrième dépassement de coûts !

Tous les projets d'infrastructure en cours au Québec ont fait l'objet de dépassements de coûts. En quoi est-ce la faute des automobilistes ?

Une mauvaise planification se traduit par une augmentation des coûts pour les contribuables et le fait d'imposer une nouvelle taxe aux conducteurs ne changera certainement rien à la situation. 

Heureusement, le premier ministre savait que Fitzgibbon avait tort et a tué l'idée de la taxe kilométrique avant qu'elle n'aille plus loin

Le gouvernement Legault n'était pas en mesure de justifier une nouvelle taxe sur les conducteurs et le poids d'un mécanisme fiscal aussi complexe aurait été coûteux.

Les Québécois sont déjà parmi les plus taxés de l'OCDE. La dernière chose dont ils ont besoin, c'est d'un gouvernement qui les traque et les taxe à chaque kilomètre.