La deuxième pire erreur qu’un joueur au casino puisse commettre est de parier ce qu’il ne peut se permettre de perdre.
La pire est de tenter de récupérer l’argent perdu.
Le gouvernement québécois ignore ces deux principes.
Plutôt d’opter pour la prudence, le premier ministre François Legault a misé gros sur la filière électrique, distribuant des milliards de dollars des contribuables pour créer une industrie québécoise.
Mais Legault a foncé si vite qu’il a ignoré tous les signaux d’alarme.
D'une part, le gouvernement a maintenant un déficit historique de 11 milliards de dollars et, d'autre part, de nombreux investissements annoncés pour l'industrie des véhicules électriques sont menacés.
Sans plan pour équilibrer le budget du Québec, Legault devrait stopper la machine à billets et préserver ce qui reste de l’argent des contribuables.
Depuis quatre ans, il a tout fait pour attirer les géants de l’automobile, utilisant l’argent public comme appât.
Et les poissons ont mordu à l'hameçon. À ce jour, plus de 3,5 milliards de dollars ont été promis par le gouvernement du Québec pour donner un coup de fouet au secteur des véhicules électriques.
Cette somme s'ajoute aux 2,2 milliards de dollars qu'Investissement Québec, le bras financier du gouvernement, a également injectés dans l'industrie au cours des dernières années.
Mais parfois, la réalité nous rattrape.
Lion Électrique, le principal fabricant québécois d'autobus électriques, qui a reçu près de 200 millions de dollars de subventions, pense ne pas survivre une année de plus.
Pendant ce temps, Ford se retire du projet d'usine de Bécancour.
Et le projet de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand est compromis.
La multinationale suédoise, en pleine restructuration, a licencié 1 600 employés, accumule 18 mois de retard et son avenir au Québec est incertain.
Les récentes élections américaines pourraient être la goutte de trop.
Lorsque les 7 milliards pour l’usine de Northvolt ont été annoncés, les subventions provinciales et fédérales dépendaient du maintien de la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA) offrant des subventions similaires à l’automobile américaine.
La ministre de l'Économie du Québec, Christine Fréchette, et François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l'Innovation, ont confirmé cette condition. Même le premier ministre ontarien, Doug Ford, est de la partie.
Mais le changement de garde à la Maison Blanche a ajouté une nouvelle épée de Damoclès à Northvolt, puisque le président élu Donald J. Trump a l'intention de réduire les subventions de l'IRA.
A ce jour, le gouvernement québécois a investi près de 470 millions de dollars dans le projet Northvolt, notamment par l'intermédiaire de la Caisse de dépôt et placement et d'Investissement Québec.
Il est encore temps de retirer l’argent des contribuables québécois de ce pari risqué avant d’autres annonces de la Suède ou des États-Unis.
Au casino, les joueurs responsables savent quand se retirer. Mais le gouvernement Legault demeure accro au grand rêve de la filière. Après tout, il est si facile de doubler la mise avec l’argent des autres.
Malgré les nombreux signaux d'alarme, Legault et sa ministre de l'Économie indiquent que d'autres annonces de dépenses dans la filière sont imminentes.
Dans ces conditions, rien n'est plus irresponsable.
Legault devrait rapidement élaborer un plan pour rétablir l’équilibre budgétaire, et cela ne doit pas se faire sur le dos des familles les plus imposées d’Amérique du Nord.
Au contraire, ce retour à l’équilibre doit commencer par la fin des aides aux entreprises au Québec.
Selon l'Institut Fraser, le gouvernement Legault a distribué près de 9,8 milliards de dollars de l'argent des contribuables aux entreprises en 2021, la dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles.
C'est le même montant que nous dépensons pour payer les intérêts de la dette du Québec cette année.
Et avec l'obsession de Legault pour la filière électrique, il est clair que ce montant augmentera si rien n'est fait.
Il est insensé qu'un gouvernement distribue autant d'argent des contribuables aux entreprises alors qu'il n'a pas équilibré son budget depuis 2019
Il est temps pour Legault de quitter la table du casino et d’aller mettre de l’ordre dans les finances publiques.